Indicateur d’évolution de la date de reproduction de la grenouille rousse

Date moyenne de ponte à 2 altitudes

Description de l’indicateur

Pourquoi cet indicateur ?

La grenouille rousse (Rana temporaria) est présente jusqu’à 2800m d’altitude. Son cycle de reproduction est très lié à l’altitude, qui entraîne une période enneigée plus ou moins longue. Dès les mares déneigées, les grenouilles y convergent pour pondre. De ce fait, la grenouille rousse est une espèce indicatrice des changements climatiques en cours et notamment de l’impact d’un déneigement plus précoce sur le vivant.

Comment l'interpréter ?

Les grenouilles pondent plus tard en altitude, corroborant le fait que la ponte est étroitement liée à la date de déneigement, lorsque les mares s’ouvrent et que l’eau libre devient accessible. Cet écart est en moyenne de 20 jours entre les mares situées à 1300m d’altitude et les mares à 1900m. Cet indicateur montre également que les grenouilles ajustent fortement leur date de ponte en fonction des circonstances météorologiques : lors d’années comme 2011, 2017 ou 2018, où le déneigement est précoce, les pontes se font plusieurs semaines plus tôt que les années à enneigement tardif telles que 2016. On peut estimer, toutes choses égales par ailleurs, qu’une date de ponte plus précoce offre une période de croissance plus longue aux têtards, et renforce donc ses chances de survie une fois sa taille adulte atteinte.

Comment est-il calculé ?

La date de ponte correspond à la date à laquelle on observe le maximum de ponte lors des comptages hebdomadaires sur chaque mare. La moyenne des dates est ensuite calculée sur l’ensemble des mares de chaque site: Vallorcine 1300m (n=2) et Loriaz 1900m (n=5) pour chaque année.

Quelles sont les limites d'interprétation de l'indicateur ?

Les données ne sont collectées que sur un versant, dans un nombre limité de mares (6). Les suivis ne sont en place que depuis 2011, une durée insuffisante pour conclure à une tendance marquée de réponse au changement climatique. Les effets du changement climatique se mesurent en effet sur des périodes de 30 ans. Pour autant, la durée des suivis permet déjà d’observer des années extrêmes (2011, 2017, 2018) préfigurant les conditions climatiques futures, et de noter la plasticité des grenouilles, c’est-à-dire de leur capacité à adapter leur date de ponte à un déneigement précoce.

A quelle fréquence ?

Périodicité annuelle

Depuis quand est-il calculé ?

Depuis 2011

Protocole d’acquisition des données

Chaque semaine entre mars et août, chercheurs ou bénévoles visitent six mares, toujours les mêmes sur le versant Vallorcine/Loriaz du Mont-Blanc. Trois mares sont situées à 1300m d’altitude et trois à 1900m. Ils relèvent la date de première ponte dans chaque mare, la date et le nombre du maximum de pontes dans chaque mare, puis les dates de chaque stade de la métamorphose du têtard. Ils notent également le cas échéant les dates d’assèchement des mares en été. Les données sont acquises par l’observation directe des mares et des têtards. L’indicateur ne représente que la date de première ponte mais les dates de métamorphose des têtards d’un stade de développement à l’autre sont également intéressantes. En effet, jusqu’à leur stade 4, les têtards sont dépendants de l’eau pour leur survie. Si les mares s’assèchent avant cette date, la survie des têtards est menacée, même s’ils ont bénéficié d’une ponte précoce.

Enjeux sur la grenouille rousse

Ponte précoce et assèchement estival, un changement climatique à double tranchant pour la grenouille rousse.

Carte

Références

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